Enquête au coeur du prout, cet objet d’une grande complexité - Partie 1
Franchement, on vit une époque délirante. Je me suis rendue compte à mes dépends, que l’humanité a un gros problème de priorité.
Dans notre monde, il est possible d’envoyer un humain dans l’espace sans trop de difficultés, mais on n’ a pas encore reussi à trouver un remède contre les prouts. Sans blague. Lutter contre “l’aérophagie”, trouver sa source, semble de façon totalement incompréhensible, plus compliqué que de catapulter un mec sur la lune.
Avant de tomber terriblement malade des intestins, je n’aurais jamais cru que le prout, le gaz, le pet, la flatulence, appellez ça comme bon vous semble, était l’objet…d’une telle complexité et d’une telle méconnaissance de la part de la médecine. Et franchement, je ne sais plus très bien si je dois en rire ou en pleurer.
Voilà 7 ans, qu’un beau jour, j’ai commencé à “balloner”. Jusqu’à là, ma production de gaz était plutôt normale, rien à signaler. Quelques prouts occasionels après avoir abusé du pot de hummus. En bref, quelques gaz bien mérités! Puis les choses ont commencés à se dégrader. Absolument tout ce que j’ingurgitais, soudainement en moi, fermentait…
Alors oui, comme ça, ça peut faire rire. C’est vrai que “peter” c’est “rigolo”. Enfin c’est surtout rigolo quand ça arrive aux autres, mais quand ça vous arrive à vous, que vous etes une femme supposément “née dans une rose et qui ne fait bien sur jamais caca” aux yeux de la société, c’est tout de suite beaucoup moins marrant.
Je me suis transformée en machine à gaz. On aurait dit une usine. Franchement je m’épatais moi meme, j’étais soudainement une machine de guerre, avec une production de gaz tout à fait surprenante! En plus d’etre socialement totalement génée par le nouveau fonctionnement de mon corps, j’avais mal. Mon colon est devenu aussi présent que mes jambes. Je le ressentais de la meme facon qu’on sent ses membres externes, mais sans avoir de controle dessus. Mon colon était là, et il avait mal, il se sentait “écarquillé” dans tous les sens et “habité”. Quand je pensais à moi meme, j’imaginais une voiture, à qui ont donne de l’essence (de la bouffe), qui produisait à la fois de l’énergie, mais aussi des déchets, des gazs. J’étais devenu une voiture, totalement pourrie dont le pot d’échappement était mon cul et qui produisait des gazs bien noirs, bien polluants.
Au début, j’ai mis ce disfonctionnement sur le compte de mon alimentation. J’avais une facheuse tendance à aimer le fast-food. Alors j’ai décidé de manger plus sainement. Et puis à travers les années qui ont suivi, j’ai suivi le “parcours classique” des gens qui ne sont pas copains avec leurs intestins. J’ai arreté le gluten, le lactose, j’ai tenté d’être vegan etc. Rien ne fonctionnait. Mon appareil digestif ne faisait pas le difficile, tout était convertible en gaz. Que je mange le plus sainement possible, ou que je m’enquille un KFC aligné d’un MacDonald, le résultat était sensiblement le même. Je vivais un cauchemar éveillé, j’hallucinais, et autant vous dire qu’il était assez compliqué pour moi d’en parler. J’étais remplie de gazs, du matin au soir. Et je passais ma vie à essayer d’agir “normalement” en société, lorsqu’en réalité, j’avais juste envie de disparaitre, de me retrouver enfin seule et de pouvoir…peter.
Je pete, tu petes, nous petons
Mon niveau de prout est certes excessif, mais vous aussi vous petez. Nous petons tous. Il est normal de produire des gazs lors de la digestion, c’est nor-mal. Jusqu’à 14 fois par jour. Et le fait que nous rigolions tous comme des imbéciles, à ce “fait” parfois un peu génant de la vie, que nous trouvions ça “dégoutant”, en dit en réalité assez long, sur notre rapport au monde, et à la nature. Une nature remplie de micro-organismes qu’on retrouve aussi bien dans nos corps, que sur nos peaux, que dans la terre et sur la pierre!
Car la digestion n’est pas seulement une action de nos corps. La digestion est une action, physique et biochimique, ou vos organes, sucs et enzymes entrent en jeu…avec d’autres organismes. La digestion ne se fait pas sans l’aide de micro-organismes qui sont à la fois nos amis et nos ennemies, je nomme les bactéries.
Dans notre société ultra hygiéniste, on a tendance à penser qu’une bactérie nous veut forcément “du mal”, mais ce n’est pas (forcément) vrai, elles nous rendent souvent sacrément service. Nous avons besoin d’elles pour assimilier un bon nombre d’aliments. Notre corps, ce doux imbécile, a besoin d’un coup de main et ne sait pas tout faire tout seul. Mais pour comprendre d’ou viennent les prouts, il faut comprendre que tous les aliments, ne se digérent pas tous au meme endroit de votre corps.
Qu’est ce qui se digère ou?
Quand on est malade des intestins, c’est la question qu’il faut savoir se poser avant de courir chez un gastroentérologue… j’ai fait l’erreur pendant trop d’années de ne pas essayer de comprendre par moi même et de boire les paroles des médecins qui n’ont malheureusement parfois pas une vision très « fonctionnelle» de la digestion et de la nutrition et qui à mon grand désespoir ne font pas preuve d’une grande pédagogie. ( «prends ce médoc, ciao bye»)
J’ai commencé à aller mieux le jour où je me suis posée les bonnes questions, quand j’ai commencé à être terre à terre et rationnelle vis à vis de mon problème.
Qu’est ce que c’est que ce délire? Qu’est ce que c’est ce médicament qu’on me donne? Comment agit-il? Pourquoi les poires et les pommes me provoquent tant de gaz? De quels sucres sont composés les poires? Les bacteries c’est quoi? C’est quoi la différence entre l’estomac et les intestins?
J’ai été désespérée pendant des années pensant que j’étais condamnée à être couronnée «reine du prout» mais c’est en commençant à faire confiance à mes capacités de compréhension de la science ( lorsque j’ai toujours cru que j’étais littéraire ) que j’ai commencé à entrevoir la possibilité d’une guérison… Pour comprendre l’origine de la production de gaz, il faut forcément comprendre où ils se créent, pourquoi et comment. Alors je me suis intéressée au chemin des aliments pour savoir où se passait « le bug» et j’ai découvert que les aliments qui se transforment en nutriment ne prennent pas tous la même route car notre corps les accueille (et les rejette) à différent étages.
Concrètement, c’est comme ça que ça se passe.
Miam. Quel délicieux repas! Une fois que les aliments sont passés par votre bouche, mastiqués et ramollit par votre salive, ils passent dans votre oesophage, avant d’arriver dans l’estomac.
L’estomac balance des sucs digestifs (acide chlorydique et pepsine) sur la nourriture. Ces sucs vont rendre les protéines (viande, poisson, oeuf etc) assimilable pour le corps humain, avant d’arriver dans l’intestin grèle.
La nourriture, continue alors son chemin dans l’intestin grele. C’est à cet endroit du corps, que les nutriments des aliments sont absorbés pour passer dans la circulation sanguine afin de nous nourrir. Mais à ce stade, il n’y a que les proteines qui sont capables d’etre absorbées.
Comment assimiler le reste?(sucre, graisse, fibres etc) L’intestin grèle va etre soutenu par d’autres organes qui vont lui envoyer des “aides digestives”:
Le pancréas va donc produire et envoyer des sucs qui vont contribuer à l’assimilation des sucres, des lipides (les graisses) et des protéines. Il va aussi produire et envoyer de l’insuline, une hormone qui sert à diminuer le taux de sucre dans le sang. (Quand ça ne marche pas bien, c’est là qu’on parle de diabète)
Le foi et la vésicule biliaire vont produire de la bile, ce qui va aider à digérer les graisses mais le pouvoir du foi est surtout de “détoxiner”, c’est à dire qu’il s’occupe de faire du ménage en filtrant un bon nombre de toxines (dans l’alcool par exemple).
Une fois, que toutes ses aides ont contribués à transformer les aliments en nutriments (car sans toute ses aides, notre corps ne comprends pas les aliments et se dit “mais c’est quoi ce truc? je sais pas faire! C’est là qu’on voit apparaitre certaines maladies…”) l’intestin grèle peut enfin les absorder à travers sa muqueuse, qui est recouverte de ce qu’on appelle des villosités. En passant par les villosités, les nutriments se retrouvent alors dans votre sang et vous donne de l’energie.
Faire la différence entre aliments et nutriments
Mais tout ce que vous mangez, n’est pas fait que de nutriments. Une partie des aliments ne sont tout simplement pas assimilable par notre corps et fait parties des choses que nos organes ne “reconnaissent pas”, et ne savent tout simplement pas se servir.
Toutes les matières non absorbées par le corps humain, comme la cellulose, aussi appellé fibres (légumes, fruits) reprennent donc leur chemin, pour arriver dans le “gros intestin”. Celui-ci va de la fin de l’intestin grêle à l’anus! Et vous avez forcément déja entendu parler de sa partie la plus connue, le colon.
C’est là que nos amies ou ennemies, les bactéries interviennent pour nous filer un coup de main. Elles viennent grignoter “nos restes”. Les restes sont dans un cas de pleine santé, généralement composés de fibres, mais il peut y avoir d’autres type de restes dans le cas d’une “mauvaise digestion”, comme le sucre quand l’intestin grèle fait mal son travail.
Ses bactéries ne sont pas toujours seules, le gros intestin peut heberger tout un petit monde fait de bactéries, de fungis, de virus, de vers etc. C’est ce qu’on appelle le microbiote intestinal.
Pas de panique, les bactéries et les champignons sont partout dans ce monde, dans la roche, dans les forets, sur les animaux et dans vos intestins. Votre digestion (et vos gazs) vous rappelleront donc que “vous faites partie intégrante de la nature”. Le terreau qui fait pousser les plantes regorgent aussi de bactéries. Celles-ci contribuent donc à ce que tous les élements vivants constituent un “tout”. Du moins, c’est ma vision. Aussi absurde que ça puisse paraitre, le fait d’avoir des problèmes de gaz, l’envie de peter, a fait évoluer mon regard et m’a ouvert une porte…vers la spiritualité, vers l’idée que tout est connecté. ( Les chemins de la vie sont parfois étranges et dans mon cas totalement absurde, ou comment peter m’a rendue spirituelle»)
Les bactéries du gros intestins, mangent donc ce que votre corps à vous ne sait pas manger. En vous s’agite une véritable ménagerie, nos intestins hébergent chacun 100 000 milliards de bactéries qui se nourrissent des matières qui passent dedans. Les bactéries ont plusieurs roles. En grignotant nos restes, elles synthétisent certaines vitamines dont nous avons besoin, produisent certains acides comme l’acide butanoique qui nous protegent contre les cellules cancéreuses mais elles produisent aussi des déchets….ces fameux gazs.
Des familles de prout
Et c’est là que ça se complique. Pour la plupart des gens, un gaz est un gaz. Ca shlingue et ça fait du bruit. Mais le prout est un peu plus complexe que ça et il existe des familles de prout. Dans un gaz, on peut retrouver de l’hydrogène, du méthane ou du méthylacétate. Ces familles de gazs ne sont pas produits par les memes aliments. Analysons un peu nos prouts!
- Si le prout n’a pas d’odeur, c’est surement un gaz à l’hydrogène généré par la fermentation de sucres simples (sucre en poudre, friandises, soda, fruit etc).
- Si le prout est malodorant, il s’agit sans doute d’un gaz au méthane, généré par la dégradation de sucres complexes (pain, féculent, certains fruits etc) et de fibres (légumes).
- Si le prout pue la mort, il s’agit de putréfaction, possiblement de l’hydrogene sulfureux et c’est généralement généré par les protéines (viande, poisson etc).
Mais tout ça est encore un peu flou et pas toujours vérifiable. En plus de ça, on ne sait pas exactement avec “qui” l’aliment non digéré dans l’intestin rentre en contact pour produire cette fermentation. Car cette fermentation créatrice de gaz est bien le travail des bacteries. Mais lesquelles?
Si il y a des familles de prouts, il y a des milliers de familles de bactéries. Et ces bactéries qui nous habitent changent selon notre lieu de vie, notre alimentation etc. Chaque espèces se distinguent par des caractéristiques métaboliques et morphologiques, on en connait certaines, mais pas toutes. Les plus connues sont les bactéries aérobies et les bactéries anaérobies.
Tout ça est très complexe, car avec les bactéries, il est impossible de penser de façon “binaire”. Il existe des bactéries qui ne causent jamais de soucis, qu’on peut qualifier de « bénéfiques» et d’autres qu’on peut qualifier d’opportunistes, c’est à dire qu’elles sont normales et meme bénéfique en petite quantité dans une flore bactérienne, mais quand ces bactéries opportunistes, deviennent trop nombreuses, elles deviennent pathogènes et peuvent causer des problèmes de santé…
La suite bientôt…
N’hésitez pas à m’encourager si le sujet vous intéresse, car j’en connais un rayon…C’est une longue enquête!